Relevant de la deuxième vague de construction de la station, aux abords immédiats de l'établissement thermal et de l'église, cet édifice, dès l'origine destiné à l'hébergement de voyageurs, fut construit pour Martin Dilharre - ou Delharrre - entre 1858 et mai 1860 et fit l'objet d'une extension (surélévation ?) en 1861.
Il change de propriétaire rapidement après sa construction puisque le cadastre validé en 1866 indique qu'il appartient désormais à la famille Bernis qui a effectué une vaste opération immobilière dans le secteur, avec l'acquisition de trois autres bâtisses. L'immeuble, répertorié comme hôtel dans le Guide Jam de 1869, est le plus important du parc immobilier de cette famille, comme le mentionne la carte touristique du Guide Joanne en 1894. Dans les dernières années du XIXe siècle, l'établissement et ses succursales, encore en pleine activité, communiquent dans la presse locale à l'appui d'encarts publicitaires. On y vante alors sa belle situation près de l'établissement thermal, de l'église et du temple de protestants, mais aussi de la Source froide et des promenades. Doté du confort moderne, avec notamment l'éclairage électrique, un réseau d'eau courante et des sonneries, il se compose de petits et de grands appartements avec possibilité de cuisine particulière, restaurant et table d'hôte, le tout pour des prix dits modérés. L'hôtelier, qui accueille la consultation du docteur Madaune, propose à travers ses propriétés une offre d'hébergement en direction de tout type de clientèle, individuelle ou familiale, en convalescence ou en villégiature.
Après cette période fastueuse, Raymond Bernis abandonne cependant l'activité hôtelière en 1907, selon la matrice cadastrale. Suivent plusieurs années de décrépitude pour le bâtiment. Son importante capacité d'accueil lui vaut ensuite d'être mis à disposition du service de santé de la commune à l'attention des soldats blessés durant la Première Guerre mondiale, sûrement en complément de l'Hospice Sainte-Eugénie situé en face. A cette occasion, un inventaire préalable des objets mobiliers est effectué en 1915 par un dénommé Capdevielle, officier d'administration de 3ème classe et gestionnaire des formations sanitaires des Eaux-Bonnes, et par le dénommé Cazaux, pharmacien bien connu et maire de la commune. L'inventaire fait état d'un ensemble en mauvais état, qu'il s'agisse des planchers ou des cheminées, des meubles meublants ou des objets mobiliers, car l'immeuble n'est ni habité, ni entretenu depuis plusieurs années. L'élévation latérale, initialement aveugle, a probablement été percée de trois petites baies au cours du XXe siècle.
Le bâtiment abrite de nos jours une résidence privée baptisée La Butte au Trésor.